Le travail en 2040 : tendances organisationnelles et enjeux RH dans un monde en mutation

Comment imaginer, comment penser le futur du travail ?

Envisager l'avenir du travail suscite des questionnements majeurs face à la complexité des défis qui se présentent. Les entreprises naviguent à travers des instabilités économiques, géopolitiques, environnementales et technologiques, les incitant à rechercher une agilité accrue.

Cette quête revêt une importance particulière alors que les travailleurs aspirent à donner davantage de sens à leur emploi et à trouver un équilibre amélioré entre vie professionnelle et personnelle.

Évolution de la valeur travail : de l’obligation à l’inutilité ?

Aujourd’hui, les machines - nos esclaves modernes et consentants - avec leur capacité de travail illimitée, d’automatisation et d’industrialisation de la production, remplacent la quasi-totalité des cols bleus et des agriculteurs.

Quant à l'Intelligence Artificielle, peut-être relèguera-t-elle demain les aficionados de l’e-mail, des brainstormings et des to-do lists à rallonge que nous sommes au rang de reliques poussiéreuses et inutiles d’une époque révolue ?

→ Instrument d’aliénation pour les uns, agent d’émancipation pour d’autres, le travail reste au centre de nos préoccupations et de nos interrogations. Comment la valeur travail va-t-elle évoluer ?

Le passé peut sans doute nous donner quelques éléments de réponse.

“Emploi du temps” et chute de l’Empire

J’ai lu récemment que de nombreux historiens attribuent la chute de Rome à l’oisiveté dans laquelle s’était vautrée l’élite dirigeante. Menant une vie de fêtes et d’orgies, déconnectés des réalités matérielles d’une plèbe laborieuse, les grandes familles patriciennes et leur entourage auraient progressivement perdu le goût de l’effort, du travail et de l’organisation, menant l’Empire au chaos.

→ Le travail productif fourni en très grande partie par des esclaves, laissa entrevoir pour la première fois de l’humanité les conséquences possibles, mais aussi les dérives d’une existence sans nécessité de travailler.

→ Depuis cette époque lointaine, l’homme n’a eu de cesse que de s’interroger sur les heures qu’il consacre chaque jour à produire, à rendre service, à conseiller ou à penser, pour lui-même ou pour ce que l’on décide d’appeler à la fin du XVIIIe siècle une entreprise.

→ La question persistante depuis cette époque est de savoir si le travail pourrait, pour une raison ou une autre, devenir inutile, privé de sens. Et c’est peut-être cette interrogation fondamentale - que faire de notre temps ? - que porte en elle la Gen-Z que nous avons tant de mal à recruter.

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Alors, de manière plus générale et en attendant une hypothétique ère post production, à quoi ressemblera le monde du travail en 2040, et comment évoluera notre relation avec le milieu professionnel ?

Voici quelques hypothèses issues d'une analyse prospective sur le futur du travail à l'horizon 2040, publiée par l'INRS français (Institut National de Recherche et de Sécurité) - un rapport détaillé de 143 pages que j'ai parcouru avec intérêt et curiosité entre deux repas de famille pendant les fêtes de Noël.

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1 - Un rapport au travail qui devient de plus en plus individuel

De “demain tous freelances” à "demain chacun chez soi, enfermé dans sa petite bulle d’intimité ?

La diversification des statuts des salariés et le développement de gestion des compétences vont probablement conduire à une approche de plus en plus autocentrée de nos trajectoires professionnelles au détriment du sentiment collectif d'appartenance.

Nous serons ainsi passés en quelques années à peine des grands mouvements de grèves des années 60 et 70 à une fragmentation mondialisée du travail, dont Upwork, Malt, le travail en remote et les ouvrages de développement personnel sont devenus les avatars officiels.

“On est moins comme les générations d’avant. On accorde beaucoup d’importance à l’équilibre de vie, à nos choix, et on se colle moins à une seule carrière. On bouge tous les 3-4 ans et ça nous fait du bien. On veut travailler, mais se respecter aussi, vivre maintenant et pas attendre notre retraite” (une étudiante interrogée dans le cadre de l’étude)

La jeune génération n’est finalement que le porte étendard d’aspirations largement partagées mais pas forcément avouées par la majorité. Citons par exemple le rejet du travail en tant que “valeur centrale” de l’existence.

“On a vu nos parents se faire virer comme ça à 50 ans, sans raison apparente, alors comment voulez-vous que l’on fasse confiance aux entreprises après ça ?” (un jeune cadre)

2 - Télétravail, pas de retour en arrière possible

Ce que les entreprises désigneront encore pendant quelques années comme "travail hybride" deviendra simplement le "travail”. Pour de nombreux salariés dont une partie des tâches peut être accomplie à distance, le télétravail est devenu une exigence et sera bientôt la norme. Ceux qui en sont privés ressentent souvent de la frustration et cherchent des alternatives.

Cela explique le désintérêt croissant pour les métiers nécessitant une présence physique constante en un lieu défini. Les emplois traditionnels tels que serveur ou livreur, autrefois populaires auprès des jeunes et des non-diplômés, deviendront probablement de plus en plus difficiles à pourvoir à salaire équivalent en raison de leur nature non virtualisable.

Ainsi, le télétravail semble représenter un changement irréversible dans la façon dont nous concevons et pratiquons le travail au quotidien.

3 - L’explosion des travailleurs indépendants

Malgré le manque de protection sociale induit par le statut d'indépendant, de plus en plus de salariés deviendront leurs propres patrons à mesure que les freelances s’organiseront pour équilibrer le rapport de force au sein de la “gig economy”.

→ De nombreux syndicats de freelances ont d'ailleurs vu le jour ces dernières années.

→ Et si l’on reproche souvent aux grandes plateformes de freelances le peu d’égard qu’elles portent à leurs “adhérents", les choses évoluent là aussi. À l’instar de Uber en Angleterre, il est sera possible de faire bénéficier d’un statut mixte - à mi-chemin entre freelance et salarié - incluant protection sociale, cotisations retraite, voire salaire minimum à certains travailleurs.

Au-delà du statut, les entreprises devront être capables de gérer de manière harmonieuse la cohabitation entre des salariés traditionnels et des experts indépendants avec des niveaux d'expertise et d'engagement hétérogènes.

Notons enfin une polarisation structurelle du marché du travail qui laissera apparaître d’un côté une population aisée, diplômée, formée, capable d’imposer certaines de ses attentes aux employeurs. Et de l’autre, les oubliés de la transformation digitale, dont la double peine sera de voir leurs métiers remplacés par des machines de plus en plus “intelligentes”...

4 - L’IA partout

Les progrès fulgurants de l’Intelligence Artificielle et ses conséquences sur nos modes de vie et nos représentations du monde seront probablement un des principaux marqueurs des années 2040 - 2100. On estime que d’ici à 2049, l’IA aura acquis les capacités cognitives d’un être humain.

Des métiers comme ceux de juristes, journalistes, rédacteurs, comptables, business developper, les emplois administratifs au sens large et certains métiers de la finance vont probablement disparaître ou exiger l’acquisition rapide de nouvelles compétences.

→ Pour les entreprises, la gestion des compétences - de quoi et de qui allons-nous avoir besoin demain? - sera cruciale dans un monde où 40% des métiers vont disparaître.

→ Les secteurs dans lesquels l’humain pourra encore se faire une place sont au nombre de trois :

  • les métiers “de tête”, à forte activité cognitive : décider d’une stratégie d’investissement, recruter, etc...
  • les métiers “de coeur” : infirmière, aide à domicile, médecin, psychologue…
  • les métiers “de bras” : les artisans, les restaurateurs, les charpentiers, les électriciens et ceux qui savent faire pousser des tomates bio dans un monde à +3 degrés.
  • les artistes au sens large du terme avec la question “Que considérons-nous encore comme de l’art? “

→ Ce qui pose par ailleurs un problème au niveau de la formation des populations les plus jeunes. Des cerveaux habitués à être assistés par une IA seront-ils en mesure de développer des capacités cognitives pertinentes et nécessaires pour se différencier sur un marché du travail dont le rapport de force pourrait s’inverser ?

5 - La dérive climatique et le risque géopolitique

Le réchauffement planétaire, la chute de la biodiversité, la raréfaction des ressources naturelles (fossiles et minières) seront sans nul doute les éléments les plus structurants de nos modes de vie (et de travail) pour les 500 ans à venir.

Les entreprises pourront avoir une approche à deux niveaux :

→ Au minimum et sans que cela soit suffisant : intégrez le changement climatique et la rareté des ressources énergétiques dans vos stratégies commerciales. Il s'agit d'enjeux de résilience et d'image, également connus sous le nom de RSE aujourd'hui, mais sans artifice social ni embellissement écologique.

→ Pour survivre dans un monde où la température pourrait augmenter de +2 ou +3 degrés Celsius, les entreprises visionnaires qui veulent perdurer doivent intégrer les limites planétaires dans leur stratégie Cela implique de repenser ou de renoncer aux notions actuelles de productivité et de croissance.

→ Pour les responsables RH : se former aux enjeux climatiques et environnementaux et les intégrer - avec plus ou moins de facilité selon les secteurs d’activités - dans la culture de l’entreprise et les pratiques managériales.

Le choix d'ignorer les limites planétaires et la contraction des flux physiques qui sous-tendent notre économie, de persister dans des modèles de productivité et de croissance non durables va entraîner, dans un premier temps, une obsolescence rapide de certains business model.

À terme, la persistance dans certaines pratiques productivistes, dépendantes des activités fossiles notamment risque de conduire à une disparition inévitable de beaucoup d’organisations et à la destruction de nombreux emplois. Alors autant anticiper.

On voit déjà par exemple l’étau dans lequel les grandes sociétés d’assurance sont prises : presque obligées de renoncer à leur raison d’être dans un monde où les risques climatiques deviennent vraiment significatifs. Il en est de même pour la voiture électrique : comment produire et promettre toujours plus de batteries quand le lithium et le cobalt se font déjà si rares ?

L'adaptation à une réalité climatique changeante devient non seulement cruciale pour la survie des entreprises, mais aussi pour la préservation à long terme de l'équilibre planétaire.

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